Ayant grandi au Danemark au début des années 2000, il est facile de considérer la liberté d’expression comme un droit acquis. Dans ce pays paisible, ancré dans des valeurs libérales et une démocratie laïque, s’exprimer librement semblait aussi naturel que de respirer. Rare étaient ceux qui remettaient en question cet état de fait, y compris les groupes religieux, dont l’influence s’était largement émoussée.
2005 : le choc Jyllands-Posten
Le déclencheur de cette réflexion remonte à il y a vingt ans jour pour jour. Le 30 septembre 2005, le quotidien danois Jyllands-Posten publiait un éditorial intitulé « Le visage de Mahomet », accompagné de douze caricatures, dont certaines représentaient le prophète. Cette publication allait provoquer une tempête mondiale et métamorphoser le débat autour de l’islam en un champ de mines où la critique devenait de plus en plus délicate.
