Qui pourrait prendre la relève des mollahs ?

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Plus de quatre décennies de répression tous azimuts ont empêché l’éclosion en Iran d’une opposition structurée à la République islamique, ce qui a toujours profité au pouvoir. Néanmoins, plusieurs profils se dégagent, tant à l’intérieur du pays qu’à l’étranger, représentant chacun une tendance politique spécifique opposée au régime des mollahs.

Narges Mohammadi, la voix de la société civile

Prix Nobel de la paix 2023, la militante iranienne des droits de l’homme continue à défier le régime islamique malgré ses nombreuses incarcérations. Ancienne partisane du mouvement de réformes prônant une ouverture politique au sein même de la République islamique, cette femme de 53 ans a fini par rompre avec le régime face à son incapacité à tolérer le moindre changement interne.

À LIRE AUSSI À Téhéran, le régime des mollahs au bord de la rupture Depuis sa libération provisoire de la prison d’Evin en décembre 2024 pour raison de santé, Narges Mohammadi multiplie les interventions dans les médias étrangers afin d’alerter l’opinion publique sur les violations des droits de l’homme qui s’aggravent dans son pays. Cependant, elle écarte pour l’heure tout rôle politique si le régime venait à tomber.

Reza Pahlavi, le recours royal

Fils du dernier Shah d’Iran, renversé à l’issue de la révolution de 1979, l’héritier de la dynastie Pahlavi se positionne comme le porte-voix de l’opposition iranienne à l’étranger. Ayant brièvement participé à la formation en 2023 d’une coalition d’opposants, avec notamment la journaliste Massih Alinejad et le militant Hamed Esmaeilion, le prince a finalement pris ses distances, se faisant l’écho d’un destin plus personnel.

Reza Pahlavi jouit d’une certaine popularité parmi les nostalgiques de la monarchie iranienne, tant à l’étranger qu’en Iran. Il propose de diriger une transition politique à la chute des mollahs, en vue d’organiser des élections libres. Sur le plan diplomatique, il s’est récemment rapproché du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, en soutenant l’opération militaire en Iran, intitulée « Rising Lion » (« Lion dressé »). Coïncidence ou stratégie?

Maryam Radjavi, l’islamo-marxiste

Résidant en France, Maryam Radjavi, épouse de Massoud Radjavi, dirigé historique de l’Organisation des moudjahidines du peuple iranien (OMPI), est à la tête du mouvement d’opposition le plus structuré et le plus controversé de la République islamique. Basé à Auvers-sur-Oise, dans le Val-d’Oise, le Conseil national de la résistance iranienne (CNRI) agit comme la vitrine politique de l’OMPI.

Considérés comme une « secte » par les mollahs iraniens, les moudjahidines du peuple ont pourtant participé à la révolution de 1979 aux côtés des islamistes, des marxistes et des libéraux, avant d’être expulsés du pouvoir et de se tourner vers une lutte clandestine armée. Leur soutien à Saddam Hussein durant la guerre Iran-Irak leur a coûté cher, entraînant l’exécution de milliers de leurs membres sur ordre de l’ayatollah Khomeyni à la fin du conflit en 1988. Malgré cela, l’OMPI reste la force d’opposition la plus redoutée par la République islamique, conservant un réseau conséquent en Iran, et a révélé, en 2002, l’existence d’un programme nucléaire secret développé par les mollahs.

Un coup d’État des gardiens de la Révolution

En l’absence de troupes – israéliennes ou américaines – au sol capables de renverser le régime, ou de manifestations populaires menaçant réellement le pouvoir des mollahs, des forces militaires pourraient profiter de l’affaiblissement de la République islamique pour orchestrer un coup d’État, sauvegardant ainsi leurs prébendes tout en maintenant la stabilité de l’État iranien. L’hypothèse la plus crédible impliquerait le corps des gardiens de la Révolution islamique.

Véritable « État dans l’État » iranien, l’armée idéologique de la République islamique détient une part significative de l’économie iranienne (d’un tiers à deux tiers, selon les estimations les plus récentes). « Dans ce contexte, les gardiens de la Révolution pourraient faire porter la responsabilité de l’échec aux religieux corrompus et autres figures du pouvoir », estime Ali Alfoneh, chercheur au sein du Arab Gulf States Institute à Washington.

Cependant, ce scénario se heurte à deux réalités : la décapitation par Israël de la quasi-totalité du commandement militaire des Pasdaran, qui a affaibli l’organisation, et le maintien en vie du guide suprême, l’ayatollah Khamenei, qui demeure la pierre angulaire du régime. « Un dictateur comme Khamenei ne peut pas continuer à exister », a menacé ce jeudi le ministre israélien de la Défense, Israël Katz.

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