Critique Comédie de Lenny et Harpo Guit, avec Maria Cavalier-Bazan, Michael Zindel, Catherine Ringer (Belgique, 1h26). En salle le 26 mars ★★★☆☆

Avec leurs blazes dignes des Marx Brothers ou des frères Safdie, Lenny et Harpo Guit, pour leur deuxième film après « Fils de plouc », assument leur style affreux, sale et méchant.

Pigeon vole. Dans « Aimer perdre », Armande Pigeon en recueille un (de pigeon) qu’elle héberge en cachette chez la rombière (Catherine Ringer) dont elle squatte la turne. Une B.A. ? Non, juste un sale coup parmi d’autres de cette bluffeuse née dont le quotidien consiste à survivre aux crochets de tout le monde et à dégoter les pires plans pour se faire du pognon.

Esthètes du crade. Armande se perce un point noir en gros plan, retire des cheveux agglomérés dans une baignoire, se concocte un immonde sandwich fait de restes… Les frères Guit sont des esthètes du crade, des poètes pouet de la précarité. Leur cinoche, tourné avec des bouts de ficelle de string sale, repousse les bornes de la bienséance et du bordel organisé. À prendre ou à laisser.

Enfants de la bile. Lenny et Harpo sont les fils de Graham Guit, réalisateur du « Ciel est à nous » (1997) et des « Kidnappeurs » (1998), comédies polardeuses post-Tarantino de piètre mémoire. D’où la panouille dans « Aimer perdre » de Melvil Poupaud, ami de la famille. Leur ascendance artistique est plus à chercher du côté de la cringe comedy, de John Waters, Groland ou des frères Farrelly. Eux se disent inspirés par les vidéos SnapChat, TikTok et par l’émission « Strip-tease ». Français, ils ont trouvé en Bruxelles le décor d’un burlesque anarchique dont le timing comique et le jusqu’au-boutisme finissent par avoir raison de nos bourgeoises préventions. Talents à suivre, mais pas de trop près.