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« Depuis deux ans, il devient évident que vivre ne se limite pas à une souffrance continue. »

Administrateur Mag5Stars par Administrateur Mag5Stars
07/05/2025
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« Bonjour, vous aussi, vous êtes folle ? » lance le comédien François Berléand à l’attention de l’humoriste Constance. « Oui, mais j’ai pris mes petites pilules, ne craignez rien », lui répond dans un éclat de rire celle qui est actuellement en tournée pour son spectacle Inconstance. Mardi 15 avril, au ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, l’humoriste assistait à l’avant-première d’un documentaire intitulé Santé mentale, briser le tabou, qui sera diffusé le mardi 6 mai à 21 h 10 sur M6, dans lequel elle se confie sur sa maladie : la bipolarité.

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Dans ce documentaire, une sélection de personnalités publiques, tels que François Berléand, Camille Lacourt, Florent Manaudou, Michèle Bernier, Yannick Noah ou la chanteuse Pomme, se sont livrées sur leurs troubles psychiques respectifs, actuels ou passés. Des anonymes, comme Alain ou Joséphine, témoignent aussi. La souffrance psychique est « un problème trop longtemps tu », soutient David Larramendy, président de M6.

Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, a, de son côté, remercié les équipes du film et M6 de « faire une place pour un sujet si important » : « Ce soir, c’est un premier pas vers une déstigmatisation. » Car l’ambition de ce documentaire est bien de briser le silence et de lever les préjugés autour des pathologies psychiques, qui touchent treize millions de Français.

En amont de la projection du documentaire au ministère, Constance a accepté de répondre au Point au sujet de sa participation.

Le Point : Pourquoi avoir accepté de participer au documentaire de M6 sur la santé mentale ?

Constance : La genèse de cette décision s’inscrit dans une démarche déjà entamée avec mon spectacle qui aborde cette thématique. Je considère comme primordial d’offrir une perspective alternative sur ces pathologies, de démontrer qu’elles ne sont pas des sentences définitives, qu’une existence épanouie demeure possible malgré les épreuves parfois insurmontables qu’elles imposent.

L’injustice du silence et de la honte qui entourent ces affections m’apparaît comme une double peine infligée aux malades : non seulement ils doivent affronter leur condition, mais ils se voient également contraints de la dissimuler.

À LIRE AUSSI Santé mentale : comment la « déstigmatisation » émerge dans le débat publicDans ce documentaire et dans votre spectacle, vous abordez votre bipolarité, la dépression, l’hôpital psychiatrique… Est-ce une forme de thérapie de vous exprimer sur ces sujets-là ?

Pas du tout. Une telle approche serait contre-productive. Si je peux aujourd’hui m’exprimer sur ces questions, c’est précisément parce que j’ai achevé mon parcours thérapeutique et atteint une stabilité qui me permet d’aborder ces sujets sans fragilité. Utiliser ces prises de parole comme méthode curative constituerait un risque de déstabilisation.

Vous évoquez aussi sans honte vos multiples tentatives de suicide. C’est plutôt audacieux, non ?

Je déplore profondément le tabou entourant le suicide. Il subsiste dans la société une tendance à le percevoir comme un acte d’égoïsme ou de lâcheté, alors qu’il s’agit fondamentalement d’un symptôme grave. L’occultation de cette réalité ne fait qu’accentuer l’isolement des personnes confrontées à ces pensées noires.

Il est crucial de pouvoir exprimer sa détresse, d’évoquer ses pensées morbides sans honte, et que l’entourage développe des réflexes appropriés : évaluer l’urgence, ne pas laisser la personne seule, identifier les ressources à contacter. Ces réactions devraient être aussi naturelles que face à un accident vasculaire cérébral par exemple – il s’agit d’une manifestation symptomatique majeure nécessitant une intervention immédiate.

À quel moment avez-vous décidé de mettre en scène vos troubles ?

Cette décision s’inscrit naturellement dans ma pratique professionnelle. Ayant vécu cette immersion totale, possédant une connaissance intime du sujet, j’éprouvais un besoin impérieux de partager cette expérience pour combattre cette double peine – la maladie et la honte qui l’accompagne. Je souhaitais également déconstruire cette perception exclusivement tragique de ces pathologies. La vie, même traversée par la maladie mentale, demeure émaillée d’humour, de décalages et d’absurdités.

Cette approche rend le sujet plus accessible et dissipe cette distance clinique et froide qui caractérise habituellement le discours sur ces troubles. Je m’interroge sur cette fascination morbide pour la folie et les institutions psychiatriques. Ces pathologies ne devraient pas susciter une fascination malsaine, mais une attention respectueuse. Il s’agit de personnes souffrantes prises en charge par des équipes médicales qualifiées.

J’ai vécu l’intégralité de mon existence antérieure habitée par des pensées suicidaires.

N’était-ce pas particulièrement cruel de ne pas pouvoir être drôle pendant deux ans, le temps de votre phase dépressive ?

Cette période fut véritablement dévastatrice. Je doutais de ma capacité à exercer à nouveau ma profession, mais plus fondamentalement, je questionnais mon aptitude à vivre, à me réintégrer socialement, à conquérir mon indépendance, à reconstruire une vie affective.

Un aspect méconnu de ces pathologies concerne les obstacles administratifs qu’elles engendrent : l’obtention d’un prêt bancaire, qu’il s’agisse d’un crédit immobilier ou automobile, devient un parcours semé d’embûches pour les personnes atteintes de troubles psychiatriques. Les assurances se montrent réticentes, contraignant les malades à dissimuler leur condition. La possibilité d’obtenir une reconnaissance de handicap existe, mais peu entreprennent cette démarche en raison de la stigmatisation persistante. La crainte de perdre son emploi demeure prégnante.

J’ai la chance d’évoluer dans le milieu artistique, où une certaine excentricité est tolérée, voire valorisée. Mais imaginez un employé bancaire ayant séjourné en hôpital psychiatrique : l’impossibilité de révéler cette expérience après avoir surmonté sa maladie constitue une injustice flagrante.

Dans le documentaire, la question de l’offre de soins en psychiatrie en France n’est pas abordée. Mais vous l’évoquez dans votre spectacle. Quelle est votre perception actuelle du système ?

Nous sommes face à une véritable catastrophe. L’injustice fondamentale réside dans cette incapacité collective à considérer sérieusement ces pathologies. Il convient de distinguer clairement santé mentale et maladie mentale, deux concepts souvent confondus.

Concernant la simple santé mentale, l’accès aux soins hors de Paris s’avère déjà problématique – les délais d’attente pour consulter un psychologue ou un psychiatre sont considérables, quand ces professionnels acceptent encore de nouveaux patients.

Quant à la maladie mentale, la situation est plus alarmante encore. Sans ressources financières permettant l’accès à des cliniques privées, les patients se retrouvent dans des mouroirs, des structures publiques délabrées, avec un personnel soignant en burn-out. Les conditions y sont déplorables – insalubrité, vétusté, enfermement, promiscuité indifférenciée. L’offre d’activités se limite généralement à la télévision. Ces conditions ne favorisent guère l’émergence d’un sentiment d’espoir chez des personnes déjà psychiquement fragilisées.

Comment vous portez-vous aujourd’hui ?

Remarquablement bien. La métamorphose est totale, tels le jour et la nuit – j’ai vécu l’intégralité de mon existence antérieure habitée par des pensées suicidaires. Depuis deux ans, j’ai découvert que vivre ne se résume pas à cette souffrance permanente. Certes, j’éprouve comme tout un chacun des moments de tristesse ou de fatigue – mais il s’agit désormais d’émotions ordinaires, non pathologiques.

À LIRE AUSSI Les aidants, maillon essentiel entre le malade mental et les soignantsParadoxalement, ma sensibilité exacerbée, caractéristique de ma condition, me permet d’appréhender la beauté du monde avec une acuité particulière. Cette hypersensibilité transforme l’ordinaire en extraordinaire – une simple bulle de savon lors de la vaisselle devient un spectacle fascinant.

Cette sensibilité particulière nourrit-elle votre pratique artistique ?

Elle en constitue le fondement même – je n’aurais pu embrasser cette carrière sans cette sensibilité singulière. La différence fondamentale réside dans le fait que, aujourd’hui, cette hypersensibilité ne se retourne plus contre moi. J’ai développé une propension à l’optimisme, à percevoir le verre à moitié plein. En l’absence de menace vitale, j’ai appris à m’adapter aux circonstances avec sérénité.

Quelques semaines avant la diffusion de ce documentaire, Le Point publiait une interview exclusive de Nicolas Demorand sur sa bipolarité. Qu’en avez-vous pensé ?

Ces démarches de libération de la parole sont absolument salutaires, essentielles même. La démarche de Nicolas Demorand témoigne d’un courage remarquable – contrairement à moi, il n’évolue pas dans l’univers humoristique, mais occupe une position médiatique importante à la tête de la matinale la plus écoutée de France.

J’émets toutefois une réserve : son témoignage semble dépourvu d’espoir, comme prisonnier d’une torpeur dont il peine à s’extraire. Ma propre expérience, après deux années de stabilisation, m’a permis de renouer avec une existence épanouissante. J’ai rencontré de nombreuses personnes bipolaires stabilisées qui, comme moi, ont reconstruit leur vie. J’irai même jusqu’à affirmer que cette reconstruction peut conduire à un équilibre supérieur à la normale.

En effet, traverser une maladie mentale puis atteindre la stabilisation implique nécessairement de confronter son histoire familiale, ses traumatismes, son parcours – démarche que la plupart des individus n’entreprennent jamais. Cette double victoire – stabilisation et introspection – confère paradoxalement une fiabilité accrue.

Il existe ce proverbe de Nietzsche selon lequel « ce qui ne me tue pas me rend plus fort ». S’applique-t-il aux affections psychiques ?


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Le Kangourou du jour

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Cette résilience n’est pas l’apanage des troubles psychiques – les survivants d’un cancer, d’affections graves ou d’accidents majeurs la développent également. Lorsqu’on a frôlé la mort, on acquiert une perspective sur l’existence d’une richesse inestimable. Néanmoins, cet adage comporte une faille considérable : pour nombre de personnes, ces épreuves s’avèrent fatales.

Cette formule, bien que séduisante, présente donc un caractère hasardeux. Cependant, pour ceux qui, comme moi, ont la chance de surmonter ces épreuves, la transformation est radicale – l’avant et l’après constituent deux existences distinctes.

Pour en savoir plus, abonnez-vous à notre newsletter et restez informé des dernières actualités sur la santé mentale.

« Bonjour, vous aussi, vous êtes folle ? » lance le comédien François Berléand à l’attention de l’humoriste Constance. « Oui, mais j’ai pris mes petites pilules, ne craignez rien », lui répond dans un éclat de rire celle qui est actuellement en tournée pour son spectacle Inconstance. Mardi 15 avril, au ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, l’humoriste assistait à l’avant-première d’un documentaire intitulé Santé mentale, briser le tabou, qui sera diffusé le mardi 6 mai à 21 h 10 sur M6, dans lequel elle se confie sur sa maladie : la bipolarité.

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Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, a, de son côté, remercié les équipes du film et M6 de « faire une place pour un sujet si important » : « Ce soir, c’est un premier pas vers une déstigmatisation. » Car l’ambition de ce documentaire est bien de briser le silence et de lever les préjugés autour des pathologies psychiques, qui touchent treize millions de Français.

En amont de la projection du documentaire au ministère, Constance a accepté de répondre au Point au sujet de sa participation.

Le Point : Pourquoi avoir accepté de participer au documentaire de M6 sur la santé mentale ?

Constance : La genèse de cette décision s’inscrit dans une démarche déjà entamée avec mon spectacle qui aborde cette thématique. Je considère comme primordial d’offrir une perspective alternative sur ces pathologies, de démontrer qu’elles ne sont pas des sentences définitives, qu’une existence épanouie demeure possible malgré les épreuves parfois insurmontables qu’elles imposent.

L’injustice du silence et de la honte qui entourent ces affections m’apparaît comme une double peine infligée aux malades : non seulement ils doivent affronter leur condition, mais ils se voient également contraints de la dissimuler.

À LIRE AUSSI Santé mentale : comment la « déstigmatisation » émerge dans le débat publicDans ce documentaire et dans votre spectacle, vous abordez votre bipolarité, la dépression, l’hôpital psychiatrique… Est-ce une forme de thérapie de vous exprimer sur ces sujets-là ?

Pas du tout. Une telle approche serait contre-productive. Si je peux aujourd’hui m’exprimer sur ces questions, c’est précisément parce que j’ai achevé mon parcours thérapeutique et atteint une stabilité qui me permet d’aborder ces sujets sans fragilité. Utiliser ces prises de parole comme méthode curative constituerait un risque de déstabilisation.

Vous évoquez aussi sans honte vos multiples tentatives de suicide. C’est plutôt audacieux, non ?

Je déplore profondément le tabou entourant le suicide. Il subsiste dans la société une tendance à le percevoir comme un acte d’égoïsme ou de lâcheté, alors qu’il s’agit fondamentalement d’un symptôme grave. L’occultation de cette réalité ne fait qu’accentuer l’isolement des personnes confrontées à ces pensées noires.

Il est crucial de pouvoir exprimer sa détresse, d’évoquer ses pensées morbides sans honte, et que l’entourage développe des réflexes appropriés : évaluer l’urgence, ne pas laisser la personne seule, identifier les ressources à contacter. Ces réactions devraient être aussi naturelles que face à un accident vasculaire cérébral par exemple – il s’agit d’une manifestation symptomatique majeure nécessitant une intervention immédiate.

À quel moment avez-vous décidé de mettre en scène vos troubles ?

Cette décision s’inscrit naturellement dans ma pratique professionnelle. Ayant vécu cette immersion totale, possédant une connaissance intime du sujet, j’éprouvais un besoin impérieux de partager cette expérience pour combattre cette double peine – la maladie et la honte qui l’accompagne. Je souhaitais également déconstruire cette perception exclusivement tragique de ces pathologies. La vie, même traversée par la maladie mentale, demeure émaillée d’humour, de décalages et d’absurdités.

Cette approche rend le sujet plus accessible et dissipe cette distance clinique et froide qui caractérise habituellement le discours sur ces troubles. Je m’interroge sur cette fascination morbide pour la folie et les institutions psychiatriques. Ces pathologies ne devraient pas susciter une fascination malsaine, mais une attention respectueuse. Il s’agit de personnes souffrantes prises en charge par des équipes médicales qualifiées.

J’ai vécu l’intégralité de mon existence antérieure habitée par des pensées suicidaires.

N’était-ce pas particulièrement cruel de ne pas pouvoir être drôle pendant deux ans, le temps de votre phase dépressive ?

Cette période fut véritablement dévastatrice. Je doutais de ma capacité à exercer à nouveau ma profession, mais plus fondamentalement, je questionnais mon aptitude à vivre, à me réintégrer socialement, à conquérir mon indépendance, à reconstruire une vie affective.

Un aspect méconnu de ces pathologies concerne les obstacles administratifs qu’elles engendrent : l’obtention d’un prêt bancaire, qu’il s’agisse d’un crédit immobilier ou automobile, devient un parcours semé d’embûches pour les personnes atteintes de troubles psychiatriques. Les assurances se montrent réticentes, contraignant les malades à dissimuler leur condition. La possibilité d’obtenir une reconnaissance de handicap existe, mais peu entreprennent cette démarche en raison de la stigmatisation persistante. La crainte de perdre son emploi demeure prégnante.

J’ai la chance d’évoluer dans le milieu artistique, où une certaine excentricité est tolérée, voire valorisée. Mais imaginez un employé bancaire ayant séjourné en hôpital psychiatrique : l’impossibilité de révéler cette expérience après avoir surmonté sa maladie constitue une injustice flagrante.

Dans le documentaire, la question de l’offre de soins en psychiatrie en France n’est pas abordée. Mais vous l’évoquez dans votre spectacle. Quelle est votre perception actuelle du système ?

Nous sommes face à une véritable catastrophe. L’injustice fondamentale réside dans cette incapacité collective à considérer sérieusement ces pathologies. Il convient de distinguer clairement santé mentale et maladie mentale, deux concepts souvent confondus.

Concernant la simple santé mentale, l’accès aux soins hors de Paris s’avère déjà problématique – les délais d’attente pour consulter un psychologue ou un psychiatre sont considérables, quand ces professionnels acceptent encore de nouveaux patients.

Quant à la maladie mentale, la situation est plus alarmante encore. Sans ressources financières permettant l’accès à des cliniques privées, les patients se retrouvent dans des mouroirs, des structures publiques délabrées, avec un personnel soignant en burn-out. Les conditions y sont déplorables – insalubrité, vétusté, enfermement, promiscuité indifférenciée. L’offre d’activités se limite généralement à la télévision. Ces conditions ne favorisent guère l’émergence d’un sentiment d’espoir chez des personnes déjà psychiquement fragilisées.

Comment vous portez-vous aujourd’hui ?

Remarquablement bien. La métamorphose est totale, tels le jour et la nuit – j’ai vécu l’intégralité de mon existence antérieure habitée par des pensées suicidaires. Depuis deux ans, j’ai découvert que vivre ne se résume pas à cette souffrance permanente. Certes, j’éprouve comme tout un chacun des moments de tristesse ou de fatigue – mais il s’agit désormais d’émotions ordinaires, non pathologiques.

À LIRE AUSSI Les aidants, maillon essentiel entre le malade mental et les soignantsParadoxalement, ma sensibilité exacerbée, caractéristique de ma condition, me permet d’appréhender la beauté du monde avec une acuité particulière. Cette hypersensibilité transforme l’ordinaire en extraordinaire – une simple bulle de savon lors de la vaisselle devient un spectacle fascinant.

Cette sensibilité particulière nourrit-elle votre pratique artistique ?

Elle en constitue le fondement même – je n’aurais pu embrasser cette carrière sans cette sensibilité singulière. La différence fondamentale réside dans le fait que, aujourd’hui, cette hypersensibilité ne se retourne plus contre moi. J’ai développé une propension à l’optimisme, à percevoir le verre à moitié plein. En l’absence de menace vitale, j’ai appris à m’adapter aux circonstances avec sérénité.

Quelques semaines avant la diffusion de ce documentaire, Le Point publiait une interview exclusive de Nicolas Demorand sur sa bipolarité. Qu’en avez-vous pensé ?

Ces démarches de libération de la parole sont absolument salutaires, essentielles même. La démarche de Nicolas Demorand témoigne d’un courage remarquable – contrairement à moi, il n’évolue pas dans l’univers humoristique, mais occupe une position médiatique importante à la tête de la matinale la plus écoutée de France.

J’émets toutefois une réserve : son témoignage semble dépourvu d’espoir, comme prisonnier d’une torpeur dont il peine à s’extraire. Ma propre expérience, après deux années de stabilisation, m’a permis de renouer avec une existence épanouissante. J’ai rencontré de nombreuses personnes bipolaires stabilisées qui, comme moi, ont reconstruit leur vie. J’irai même jusqu’à affirmer que cette reconstruction peut conduire à un équilibre supérieur à la normale.

En effet, traverser une maladie mentale puis atteindre la stabilisation implique nécessairement de confronter son histoire familiale, ses traumatismes, son parcours – démarche que la plupart des individus n’entreprennent jamais. Cette double victoire – stabilisation et introspection – confère paradoxalement une fiabilité accrue.

Il existe ce proverbe de Nietzsche selon lequel « ce qui ne me tue pas me rend plus fort ». S’applique-t-il aux affections psychiques ?


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Cette résilience n’est pas l’apanage des troubles psychiques – les survivants d’un cancer, d’affections graves ou d’accidents majeurs la développent également. Lorsqu’on a frôlé la mort, on acquiert une perspective sur l’existence d’une richesse inestimable. Néanmoins, cet adage comporte une faille considérable : pour nombre de personnes, ces épreuves s’avèrent fatales.

Cette formule, bien que séduisante, présente donc un caractère hasardeux. Cependant, pour ceux qui, comme moi, ont la chance de surmonter ces épreuves, la transformation est radicale – l’avant et l’après constituent deux existences distinctes.

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Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, a, de son côté, remercié les équipes du film et M6 de « faire une place pour un sujet si important » : « Ce soir, c’est un premier pas vers une déstigmatisation. » Car l’ambition de ce documentaire est bien de briser le silence et de lever les préjugés autour des pathologies psychiques, qui touchent treize millions de Français.

En amont de la projection du documentaire au ministère, Constance a accepté de répondre au Point au sujet de sa participation.

Le Point : Pourquoi avoir accepté de participer au documentaire de M6 sur la santé mentale ?

Constance : La genèse de cette décision s’inscrit dans une démarche déjà entamée avec mon spectacle qui aborde cette thématique. Je considère comme primordial d’offrir une perspective alternative sur ces pathologies, de démontrer qu’elles ne sont pas des sentences définitives, qu’une existence épanouie demeure possible malgré les épreuves parfois insurmontables qu’elles imposent.

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Vous évoquez aussi sans honte vos multiples tentatives de suicide. C’est plutôt audacieux, non ?

Je déplore profondément le tabou entourant le suicide. Il subsiste dans la société une tendance à le percevoir comme un acte d’égoïsme ou de lâcheté, alors qu’il s’agit fondamentalement d’un symptôme grave. L’occultation de cette réalité ne fait qu’accentuer l’isolement des personnes confrontées à ces pensées noires.

Il est crucial de pouvoir exprimer sa détresse, d’évoquer ses pensées morbides sans honte, et que l’entourage développe des réflexes appropriés : évaluer l’urgence, ne pas laisser la personne seule, identifier les ressources à contacter. Ces réactions devraient être aussi naturelles que face à un accident vasculaire cérébral par exemple – il s’agit d’une manifestation symptomatique majeure nécessitant une intervention immédiate.

À quel moment avez-vous décidé de mettre en scène vos troubles ?

Cette décision s’inscrit naturellement dans ma pratique professionnelle. Ayant vécu cette immersion totale, possédant une connaissance intime du sujet, j’éprouvais un besoin impérieux de partager cette expérience pour combattre cette double peine – la maladie et la honte qui l’accompagne. Je souhaitais également déconstruire cette perception exclusivement tragique de ces pathologies. La vie, même traversée par la maladie mentale, demeure émaillée d’humour, de décalages et d’absurdités.

Cette approche rend le sujet plus accessible et dissipe cette distance clinique et froide qui caractérise habituellement le discours sur ces troubles. Je m’interroge sur cette fascination morbide pour la folie et les institutions psychiatriques. Ces pathologies ne devraient pas susciter une fascination malsaine, mais une attention respectueuse. Il s’agit de personnes souffrantes prises en charge par des équipes médicales qualifiées.

J’ai vécu l’intégralité de mon existence antérieure habitée par des pensées suicidaires.

N’était-ce pas particulièrement cruel de ne pas pouvoir être drôle pendant deux ans, le temps de votre phase dépressive ?

Cette période fut véritablement dévastatrice. Je doutais de ma capacité à exercer à nouveau ma profession, mais plus fondamentalement, je questionnais mon aptitude à vivre, à me réintégrer socialement, à conquérir mon indépendance, à reconstruire une vie affective.

Un aspect méconnu de ces pathologies concerne les obstacles administratifs qu’elles engendrent : l’obtention d’un prêt bancaire, qu’il s’agisse d’un crédit immobilier ou automobile, devient un parcours semé d’embûches pour les personnes atteintes de troubles psychiatriques. Les assurances se montrent réticentes, contraignant les malades à dissimuler leur condition. La possibilité d’obtenir une reconnaissance de handicap existe, mais peu entreprennent cette démarche en raison de la stigmatisation persistante. La crainte de perdre son emploi demeure prégnante.

J’ai la chance d’évoluer dans le milieu artistique, où une certaine excentricité est tolérée, voire valorisée. Mais imaginez un employé bancaire ayant séjourné en hôpital psychiatrique : l’impossibilité de révéler cette expérience après avoir surmonté sa maladie constitue une injustice flagrante.

Dans le documentaire, la question de l’offre de soins en psychiatrie en France n’est pas abordée. Mais vous l’évoquez dans votre spectacle. Quelle est votre perception actuelle du système ?

Nous sommes face à une véritable catastrophe. L’injustice fondamentale réside dans cette incapacité collective à considérer sérieusement ces pathologies. Il convient de distinguer clairement santé mentale et maladie mentale, deux concepts souvent confondus.

Concernant la simple santé mentale, l’accès aux soins hors de Paris s’avère déjà problématique – les délais d’attente pour consulter un psychologue ou un psychiatre sont considérables, quand ces professionnels acceptent encore de nouveaux patients.

Quant à la maladie mentale, la situation est plus alarmante encore. Sans ressources financières permettant l’accès à des cliniques privées, les patients se retrouvent dans des mouroirs, des structures publiques délabrées, avec un personnel soignant en burn-out. Les conditions y sont déplorables – insalubrité, vétusté, enfermement, promiscuité indifférenciée. L’offre d’activités se limite généralement à la télévision. Ces conditions ne favorisent guère l’émergence d’un sentiment d’espoir chez des personnes déjà psychiquement fragilisées.

Comment vous portez-vous aujourd’hui ?

Remarquablement bien. La métamorphose est totale, tels le jour et la nuit – j’ai vécu l’intégralité de mon existence antérieure habitée par des pensées suicidaires. Depuis deux ans, j’ai découvert que vivre ne se résume pas à cette souffrance permanente. Certes, j’éprouve comme tout un chacun des moments de tristesse ou de fatigue – mais il s’agit désormais d’émotions ordinaires, non pathologiques.

À LIRE AUSSI Les aidants, maillon essentiel entre le malade mental et les soignantsParadoxalement, ma sensibilité exacerbée, caractéristique de ma condition, me permet d’appréhender la beauté du monde avec une acuité particulière. Cette hypersensibilité transforme l’ordinaire en extraordinaire – une simple bulle de savon lors de la vaisselle devient un spectacle fascinant.

Cette sensibilité particulière nourrit-elle votre pratique artistique ?

Elle en constitue le fondement même – je n’aurais pu embrasser cette carrière sans cette sensibilité singulière. La différence fondamentale réside dans le fait que, aujourd’hui, cette hypersensibilité ne se retourne plus contre moi. J’ai développé une propension à l’optimisme, à percevoir le verre à moitié plein. En l’absence de menace vitale, j’ai appris à m’adapter aux circonstances avec sérénité.

Quelques semaines avant la diffusion de ce documentaire, Le Point publiait une interview exclusive de Nicolas Demorand sur sa bipolarité. Qu’en avez-vous pensé ?

Ces démarches de libération de la parole sont absolument salutaires, essentielles même. La démarche de Nicolas Demorand témoigne d’un courage remarquable – contrairement à moi, il n’évolue pas dans l’univers humoristique, mais occupe une position médiatique importante à la tête de la matinale la plus écoutée de France.

J’émets toutefois une réserve : son témoignage semble dépourvu d’espoir, comme prisonnier d’une torpeur dont il peine à s’extraire. Ma propre expérience, après deux années de stabilisation, m’a permis de renouer avec une existence épanouissante. J’ai rencontré de nombreuses personnes bipolaires stabilisées qui, comme moi, ont reconstruit leur vie. J’irai même jusqu’à affirmer que cette reconstruction peut conduire à un équilibre supérieur à la normale.

En effet, traverser une maladie mentale puis atteindre la stabilisation implique nécessairement de confronter son histoire familiale, ses traumatismes, son parcours – démarche que la plupart des individus n’entreprennent jamais. Cette double victoire – stabilisation et introspection – confère paradoxalement une fiabilité accrue.

Il existe ce proverbe de Nietzsche selon lequel « ce qui ne me tue pas me rend plus fort ». S’applique-t-il aux affections psychiques ?


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Cette résilience n’est pas l’apanage des troubles psychiques – les survivants d’un cancer, d’affections graves ou d’accidents majeurs la développent également. Lorsqu’on a frôlé la mort, on acquiert une perspective sur l’existence d’une richesse inestimable. Néanmoins, cet adage comporte une faille considérable : pour nombre de personnes, ces épreuves s’avèrent fatales.

Cette formule, bien que séduisante, présente donc un caractère hasardeux. Cependant, pour ceux qui, comme moi, ont la chance de surmonter ces épreuves, la transformation est radicale – l’avant et l’après constituent deux existences distinctes.

Pour en savoir plus, abonnez-vous à notre newsletter et restez informé des dernières actualités sur la santé mentale.

« Bonjour, vous aussi, vous êtes folle ? » lance le comédien François Berléand à l’attention de l’humoriste Constance. « Oui, mais j’ai pris mes petites pilules, ne craignez rien », lui répond dans un éclat de rire celle qui est actuellement en tournée pour son spectacle Inconstance. Mardi 15 avril, au ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, l’humoriste assistait à l’avant-première d’un documentaire intitulé Santé mentale, briser le tabou, qui sera diffusé le mardi 6 mai à 21 h 10 sur M6, dans lequel elle se confie sur sa maladie : la bipolarité.

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Dans ce documentaire, une sélection de personnalités publiques, tels que François Berléand, Camille Lacourt, Florent Manaudou, Michèle Bernier, Yannick Noah ou la chanteuse Pomme, se sont livrées sur leurs troubles psychiques respectifs, actuels ou passés. Des anonymes, comme Alain ou Joséphine, témoignent aussi. La souffrance psychique est « un problème trop longtemps tu », soutient David Larramendy, président de M6.

Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, a, de son côté, remercié les équipes du film et M6 de « faire une place pour un sujet si important » : « Ce soir, c’est un premier pas vers une déstigmatisation. » Car l’ambition de ce documentaire est bien de briser le silence et de lever les préjugés autour des pathologies psychiques, qui touchent treize millions de Français.

En amont de la projection du documentaire au ministère, Constance a accepté de répondre au Point au sujet de sa participation.

Le Point : Pourquoi avoir accepté de participer au documentaire de M6 sur la santé mentale ?

Constance : La genèse de cette décision s’inscrit dans une démarche déjà entamée avec mon spectacle qui aborde cette thématique. Je considère comme primordial d’offrir une perspective alternative sur ces pathologies, de démontrer qu’elles ne sont pas des sentences définitives, qu’une existence épanouie demeure possible malgré les épreuves parfois insurmontables qu’elles imposent.

L’injustice du silence et de la honte qui entourent ces affections m’apparaît comme une double peine infligée aux malades : non seulement ils doivent affronter leur condition, mais ils se voient également contraints de la dissimuler.

À LIRE AUSSI Santé mentale : comment la « déstigmatisation » émerge dans le débat publicDans ce documentaire et dans votre spectacle, vous abordez votre bipolarité, la dépression, l’hôpital psychiatrique… Est-ce une forme de thérapie de vous exprimer sur ces sujets-là ?

Pas du tout. Une telle approche serait contre-productive. Si je peux aujourd’hui m’exprimer sur ces questions, c’est précisément parce que j’ai achevé mon parcours thérapeutique et atteint une stabilité qui me permet d’aborder ces sujets sans fragilité. Utiliser ces prises de parole comme méthode curative constituerait un risque de déstabilisation.

Vous évoquez aussi sans honte vos multiples tentatives de suicide. C’est plutôt audacieux, non ?

Je déplore profondément le tabou entourant le suicide. Il subsiste dans la société une tendance à le percevoir comme un acte d’égoïsme ou de lâcheté, alors qu’il s’agit fondamentalement d’un symptôme grave. L’occultation de cette réalité ne fait qu’accentuer l’isolement des personnes confrontées à ces pensées noires.

Il est crucial de pouvoir exprimer sa détresse, d’évoquer ses pensées morbides sans honte, et que l’entourage développe des réflexes appropriés : évaluer l’urgence, ne pas laisser la personne seule, identifier les ressources à contacter. Ces réactions devraient être aussi naturelles que face à un accident vasculaire cérébral par exemple – il s’agit d’une manifestation symptomatique majeure nécessitant une intervention immédiate.

À quel moment avez-vous décidé de mettre en scène vos troubles ?

Cette décision s’inscrit naturellement dans ma pratique professionnelle. Ayant vécu cette immersion totale, possédant une connaissance intime du sujet, j’éprouvais un besoin impérieux de partager cette expérience pour combattre cette double peine – la maladie et la honte qui l’accompagne. Je souhaitais également déconstruire cette perception exclusivement tragique de ces pathologies. La vie, même traversée par la maladie mentale, demeure émaillée d’humour, de décalages et d’absurdités.

Cette approche rend le sujet plus accessible et dissipe cette distance clinique et froide qui caractérise habituellement le discours sur ces troubles. Je m’interroge sur cette fascination morbide pour la folie et les institutions psychiatriques. Ces pathologies ne devraient pas susciter une fascination malsaine, mais une attention respectueuse. Il s’agit de personnes souffrantes prises en charge par des équipes médicales qualifiées.

J’ai vécu l’intégralité de mon existence antérieure habitée par des pensées suicidaires.

N’était-ce pas particulièrement cruel de ne pas pouvoir être drôle pendant deux ans, le temps de votre phase dépressive ?

Cette période fut véritablement dévastatrice. Je doutais de ma capacité à exercer à nouveau ma profession, mais plus fondamentalement, je questionnais mon aptitude à vivre, à me réintégrer socialement, à conquérir mon indépendance, à reconstruire une vie affective.

Un aspect méconnu de ces pathologies concerne les obstacles administratifs qu’elles engendrent : l’obtention d’un prêt bancaire, qu’il s’agisse d’un crédit immobilier ou automobile, devient un parcours semé d’embûches pour les personnes atteintes de troubles psychiatriques. Les assurances se montrent réticentes, contraignant les malades à dissimuler leur condition. La possibilité d’obtenir une reconnaissance de handicap existe, mais peu entreprennent cette démarche en raison de la stigmatisation persistante. La crainte de perdre son emploi demeure prégnante.

J’ai la chance d’évoluer dans le milieu artistique, où une certaine excentricité est tolérée, voire valorisée. Mais imaginez un employé bancaire ayant séjourné en hôpital psychiatrique : l’impossibilité de révéler cette expérience après avoir surmonté sa maladie constitue une injustice flagrante.

Dans le documentaire, la question de l’offre de soins en psychiatrie en France n’est pas abordée. Mais vous l’évoquez dans votre spectacle. Quelle est votre perception actuelle du système ?

Nous sommes face à une véritable catastrophe. L’injustice fondamentale réside dans cette incapacité collective à considérer sérieusement ces pathologies. Il convient de distinguer clairement santé mentale et maladie mentale, deux concepts souvent confondus.

Concernant la simple santé mentale, l’accès aux soins hors de Paris s’avère déjà problématique – les délais d’attente pour consulter un psychologue ou un psychiatre sont considérables, quand ces professionnels acceptent encore de nouveaux patients.

Quant à la maladie mentale, la situation est plus alarmante encore. Sans ressources financières permettant l’accès à des cliniques privées, les patients se retrouvent dans des mouroirs, des structures publiques délabrées, avec un personnel soignant en burn-out. Les conditions y sont déplorables – insalubrité, vétusté, enfermement, promiscuité indifférenciée. L’offre d’activités se limite généralement à la télévision. Ces conditions ne favorisent guère l’émergence d’un sentiment d’espoir chez des personnes déjà psychiquement fragilisées.

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Remarquablement bien. La métamorphose est totale, tels le jour et la nuit – j’ai vécu l’intégralité de mon existence antérieure habitée par des pensées suicidaires. Depuis deux ans, j’ai découvert que vivre ne se résume pas à cette souffrance permanente. Certes, j’éprouve comme tout un chacun des moments de tristesse ou de fatigue – mais il s’agit désormais d’émotions ordinaires, non pathologiques.

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Elle en constitue le fondement même – je n’aurais pu embrasser cette carrière sans cette sensibilité singulière. La différence fondamentale réside dans le fait que, aujourd’hui, cette hypersensibilité ne se retourne plus contre moi. J’ai développé une propension à l’optimisme, à percevoir le verre à moitié plein. En l’absence de menace vitale, j’ai appris à m’adapter aux circonstances avec sérénité.

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Ces démarches de libération de la parole sont absolument salutaires, essentielles même. La démarche de Nicolas Demorand témoigne d’un courage remarquable – contrairement à moi, il n’évolue pas dans l’univers humoristique, mais occupe une position médiatique importante à la tête de la matinale la plus écoutée de France.

J’émets toutefois une réserve : son témoignage semble dépourvu d’espoir, comme prisonnier d’une torpeur dont il peine à s’extraire. Ma propre expérience, après deux années de stabilisation, m’a permis de renouer avec une existence épanouissante. J’ai rencontré de nombreuses personnes bipolaires stabilisées qui, comme moi, ont reconstruit leur vie. J’irai même jusqu’à affirmer que cette reconstruction peut conduire à un équilibre supérieur à la normale.

En effet, traverser une maladie mentale puis atteindre la stabilisation implique nécessairement de confronter son histoire familiale, ses traumatismes, son parcours – démarche que la plupart des individus n’entreprennent jamais. Cette double victoire – stabilisation et introspection – confère paradoxalement une fiabilité accrue.

Il existe ce proverbe de Nietzsche selon lequel « ce qui ne me tue pas me rend plus fort ». S’applique-t-il aux affections psychiques ?


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Cette résilience n’est pas l’apanage des troubles psychiques – les survivants d’un cancer, d’affections graves ou d’accidents majeurs la développent également. Lorsqu’on a frôlé la mort, on acquiert une perspective sur l’existence d’une richesse inestimable. Néanmoins, cet adage comporte une faille considérable : pour nombre de personnes, ces épreuves s’avèrent fatales.

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