À deux pas des Champs-Élysées, Lola Fontanel sirote son jus d’ananas sur la terrasse d’un café baigné d’un rayon de soleil printanier. « Je viens souvent dans le quartier pour faire mon shopping », confie l’étudiante en marketing de luxe à Paris et créatrice de contenus. Parée de bijoux signés Miu Miu, la jeune femme de 22 ans aux longs cheveux blonds lisses tire une bouffée de sa cigarette électronique. Son regard vert-gris, encadré par un visage doux, s’accompagne d’un sourire à la fois harmonieux et accueillant. Elle en est fière, et à juste titre. Quelques semaines avant cette rencontre, Lola s’est fait retirer plusieurs millilitres d’acide hyaluronique des lèvres – résultat de trop nombreuses injections esthétiques. « C’est l’une des meilleures décisions que j’ai prises ; je ne me rendais pas compte à quel point mes lèvres étaient déformées et inadaptées à la forme de mon visage. Maintenant, je me trouve plus jolie », soutient Lola Fontanel, ravie.
Ce « retour au naturel » n’est pas un cas isolé. Depuis plus d’un an, l’ère des fesses et des poitrines proéminentes, des lèvres ultra-pulpeuses et autres transformations drastiques s’achève. Le « retour au naturel », ou la valorisation des standards de beauté plus simples, s’impose désormais comme la nouvelle tendance. Quitte à revenir sur les chirurgies déjà réalisées.
Une tendance venue des États-Unis
Le clan Kardashian-Jenner, qui a façonné dans les années 2010 une nouvelle esthétique en forme de sablier avec une poitrine opulente, une taille fine et des hanches galbées accompagnées d’un imposant fessier, aurait fait machine arrière il y a déjà plus de deux ans. Kim et Khloe, adeptes du BBL, un lipofilling visant à augmenter le volume fessier par injection de graisse, affichent dorénavant une silhouette moins voluptueuse. Parallèlement, Kylie Jenner a réduit le volume de ses lèvres. D’autres personnalités hollywoodiennes comme Courteney Cox, Nicole Kidman, Gwyneth Paltrow ou Cameron Diaz ont cessé leurs injections. En France, cette tendance moins ostentatoire s’enracine parmi les stars de télé-réalité, suivies par des millions de personnes sur les réseaux sociaux, comme Nabilla, Nathanya Sion ou Victoria Mehault.
Maeva Ghennam, connue pour sa participation à l’émission de télé-réalité Les Marseillais, a eu recours à de nombreuses interventions chirurgicales – rhinoplasties, facettes dentaires, injections labiales, prothèses mammaires, augmentations fessières et même un « rajeunissement » vaginal. Mais contre toute attente, en 2024, l’influenceuse s’est fait « dégonfler » les fesses. Elle déclarait alors sur ses réseaux sociaux : « Faites attention à la chirurgie esthétique. Regardez, j’ai voulu avoir de grosses fesses énormes. C’était horrible, c’était disproportionné. […] Il n’y a rien de plus beau qu’une femme au naturel. » Sur TikTok, les témoignages de jeunes femmes partageant cette démarche prolifèrent sous les hashtags #dissolvingfiller, #implantremoval, #explant ou #hyaluronidase, entre autres.
À LIRE AUSSI Injections d’acide hyaluronique, botox… : est-ce vraiment sans danger ? Depuis son cabinet dans le chic 7e arrondissement de Paris, le docteur Alexandre Vairinho, chirurgien esthétique, a assisté aux prémices de cette tendance « bénéfique ». Concernant les implants mammaires, il observe depuis l’émergence de cette mode de nombreux retraits ou des remplacements par des prothèses plus modestes. « Des patientes font retirer leurs prothèses disproportionnées – porter des implants de 500 mL par côté représente plus d’un kilo supplémentaire. Certaines les retirent complètement, d’autres optent pour des tailles plus modestes », explique le spécialiste. Ces observations trouvent confirmation dans un communiqué de la Société française des chirurgiens esthétiques plasticiens (SOFCEP) datant de 2024. Le Dr Jean-Luc Jauffret, président SOFCEP 2023-2024 et chirurgien plasticien, y déclare : « Nous observons une demande de plus en plus fréquente d’ablation d’anciens implants. […] Il s’agit donc pour ces patientes d’un retour au naturel après des années passées avec un corps étranger. Peut-être le début d’une nouvelle tendance… »
« J’étais prise dans une sorte de cercle vicieux »
Les interventions pour des prothèses fessières et des injections de graisse, les fameux BBL, connaissent également un net recul. « Au niveau du visage, les patientes qui s’étaient fait injecter des quantités importantes de produits dans les lèvres optent maintenant pour la résorption ou l’utilisation d’antidotes comme l’hyaluronidase pour dissoudre ces produits », ajoute le docteur Alexandre Vairinho.
Lola Fontanel a eu recours à plusieurs interventions esthétiques, au niveau des lèvres et du nez. Elle a entrepris ses premières injections aux lèvres à 18 ans. « C’était plutôt pour suivre la tendance du moment », explique la jeune femme. Elle s’est alors tournée vers des esthéticiennes pour cette intervention – une pratique illégale de la médecine qui présente son lot de dangers. Initialement, elle a opté pour des injections de 0,5 mL d’acide hyaluronique. « Le résultat restait naturel et très joli. Mes lèvres étaient un peu plus pulpeuses, exactement l’effet que je recherchais », se remémore Lola Fontanel.
Au fil du temps, cependant, l’influenceuse a multiplié les retouches, toujours insatisfaite des évolutions de la forme de sa bouche. Son apparence perdait progressivement toute naturalité. « J’étais prise dans une sorte de cercle vicieux, je multipliais les injections pour maintenir un joli résultat, mais mes lèvres devenaient excessivement volumineuses, puisque j’y accumulais presque trois millilitres de produit. Elles étaient boursouflées ; ce n’était plus joli », regrette l’étudiante. Elle a finalement consulté une chirurgienne esthétique qui lui a retiré l’acide hyaluronique de ses lèvres. Résultat : elles ont repris leur forme d’origine.
C’est aussi le cas de Clara, 29 ans. À 18 ans, après une dépression et une importante perte de poids, elle a perdu quelques centimètres en tour de poitrine. Complexée et influencée par « les magazines qui présentaient des femmes de [son] âge avec des silhouettes avantageuses », à 23 ans, elle a eu recours à une augmentation mammaire avec implants. Elle est passée d’un bonnet B à un bonnet E. Dès son réveil postopératoire, elle s’est rendu compte de son erreur : « C’était très imposant. Tout le monde pouvait voir que j’avais des implants mammaires. Je me consolais en me disant que, au moins, j’avais une poitrine qui paraissait plus jeune. »
Simple mode ou tendance sociétale de long cours ?
Entre les regards insistants des hommes – « ils ne me regardaient jamais dans les yeux » –, l’inconfort physique et une silhouette qu’elle jugeait déséquilibrée, Clara a fini par prendre une décision radicale : à 28 ans, elle a fait retirer ses implants mammaires. Quelques mois après l’explantation, elle ne regrette rien : « Je ne me suis jamais sentie aussi bien dans mon corps qu’aujourd’hui, avec une poitrine simplement proportionnée à ma silhouette. »
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Le Kangourou du jour
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Cet retour de l’esthétique naturelle touche tous les profils de femmes, selon les professionnels. « Il peut s’agir de personnes opérées il y a dix ans qui reviennent en estimant que leur choix d’alors ne leur convient plus, ou de personnes récemment opérées qui ne supportent pas le résultat – que ce soit une poitrine trop volumineuse ou l’inconfort de prothèses fessières importantes », analyse Alexandre Vairinho. Pour ce praticien, la tendance du retour au naturel confère une meilleure image à sa pratique médicale : « Les interventions extravagantes donnent une mauvaise image de la chirurgie esthétique, que les gens associent alors uniquement à ces excès. » Soyez néanmoins conscients du coût de ce « retour au naturel » : au moins 300 euros pour des injections d’hyaluronidase, pour réduire le volume des lèvres, et jusqu’à 5 000 euros pour un retrait d’implants mammaires.
À LIRE AUSSI Vladimir Poutine, tsar du Botox ? Il convient de noter que ce « retour au naturel » ne signifie pas la fin des interventions, mais plutôt l’adoption de la médecine esthétique de manière plus subtile et moins visible. Cette tendance s’inscrira-t-elle dans la durée ? « Je l’espère », confie Alexandre Vairinho. Pour mémoire, les canons esthétiques en matière de chirurgie ont constamment évolué : dans les années 1990, les formes généreuses dominaient avec des icônes comme Pamela Anderson. Dans la décennie suivante, les silhouettes longilignes et pâles, incarnées par des mannequins comme Kate Moss, ont prévalu, avant l’avènement des courbes voluptueuses des Kardashian. Cette quête d’apparence plus authentique ne marque peut-être qu’une transition. Dans le grand bal des canons esthétiques, le naturel n’est pas, lui non plus, à l’abri d’être emporté par la mode.
À deux pas des Champs-Élysées, Lola Fontanel sirote son jus d’ananas sur la terrasse d’un café baigné d’un rayon de soleil printanier. « Je viens souvent dans le quartier pour faire mon shopping », confie l’étudiante en marketing de luxe à Paris et créatrice de contenus. Parée de bijoux signés Miu Miu, la jeune femme de 22 ans aux longs cheveux blonds lisses tire une bouffée de sa cigarette électronique. Son regard vert-gris, encadré par un visage doux, s’accompagne d’un sourire à la fois harmonieux et accueillant. Elle en est fière, et à juste titre. Quelques semaines avant cette rencontre, Lola s’est fait retirer plusieurs millilitres d’acide hyaluronique des lèvres – résultat de trop nombreuses injections esthétiques. « C’est l’une des meilleures décisions que j’ai prises ; je ne me rendais pas compte à quel point mes lèvres étaient déformées et inadaptées à la forme de mon visage. Maintenant, je me trouve plus jolie », soutient Lola Fontanel, ravie.
Ce « retour au naturel » n’est pas un cas isolé. Depuis plus d’un an, l’ère des fesses et des poitrines proéminentes, des lèvres ultra-pulpeuses et autres transformations drastiques s’achève. Le « retour au naturel », ou la valorisation des standards de beauté plus simples, s’impose désormais comme la nouvelle tendance. Quitte à revenir sur les chirurgies déjà réalisées.
Une tendance venue des États-Unis
Le clan Kardashian-Jenner, qui a façonné dans les années 2010 une nouvelle esthétique en forme de sablier avec une poitrine opulente, une taille fine et des hanches galbées accompagnées d’un imposant fessier, aurait fait machine arrière il y a déjà plus de deux ans. Kim et Khloe, adeptes du BBL, un lipofilling visant à augmenter le volume fessier par injection de graisse, affichent dorénavant une silhouette moins voluptueuse. Parallèlement, Kylie Jenner a réduit le volume de ses lèvres. D’autres personnalités hollywoodiennes comme Courteney Cox, Nicole Kidman, Gwyneth Paltrow ou Cameron Diaz ont cessé leurs injections. En France, cette tendance moins ostentatoire s’enracine parmi les stars de télé-réalité, suivies par des millions de personnes sur les réseaux sociaux, comme Nabilla, Nathanya Sion ou Victoria Mehault.
Maeva Ghennam, connue pour sa participation à l’émission de télé-réalité Les Marseillais, a eu recours à de nombreuses interventions chirurgicales – rhinoplasties, facettes dentaires, injections labiales, prothèses mammaires, augmentations fessières et même un « rajeunissement » vaginal. Mais contre toute attente, en 2024, l’influenceuse s’est fait « dégonfler » les fesses. Elle déclarait alors sur ses réseaux sociaux : « Faites attention à la chirurgie esthétique. Regardez, j’ai voulu avoir de grosses fesses énormes. C’était horrible, c’était disproportionné. […] Il n’y a rien de plus beau qu’une femme au naturel. » Sur TikTok, les témoignages de jeunes femmes partageant cette démarche prolifèrent sous les hashtags #dissolvingfiller, #implantremoval, #explant ou #hyaluronidase, entre autres.
À LIRE AUSSI Injections d’acide hyaluronique, botox… : est-ce vraiment sans danger ? Depuis son cabinet dans le chic 7e arrondissement de Paris, le docteur Alexandre Vairinho, chirurgien esthétique, a assisté aux prémices de cette tendance « bénéfique ». Concernant les implants mammaires, il observe depuis l’émergence de cette mode de nombreux retraits ou des remplacements par des prothèses plus modestes. « Des patientes font retirer leurs prothèses disproportionnées – porter des implants de 500 mL par côté représente plus d’un kilo supplémentaire. Certaines les retirent complètement, d’autres optent pour des tailles plus modestes », explique le spécialiste. Ces observations trouvent confirmation dans un communiqué de la Société française des chirurgiens esthétiques plasticiens (SOFCEP) datant de 2024. Le Dr Jean-Luc Jauffret, président SOFCEP 2023-2024 et chirurgien plasticien, y déclare : « Nous observons une demande de plus en plus fréquente d’ablation d’anciens implants. […] Il s’agit donc pour ces patientes d’un retour au naturel après des années passées avec un corps étranger. Peut-être le début d’une nouvelle tendance… »
« J’étais prise dans une sorte de cercle vicieux »
Les interventions pour des prothèses fessières et des injections de graisse, les fameux BBL, connaissent également un net recul. « Au niveau du visage, les patientes qui s’étaient fait injecter des quantités importantes de produits dans les lèvres optent maintenant pour la résorption ou l’utilisation d’antidotes comme l’hyaluronidase pour dissoudre ces produits », ajoute le docteur Alexandre Vairinho.
Lola Fontanel a eu recours à plusieurs interventions esthétiques, au niveau des lèvres et du nez. Elle a entrepris ses premières injections aux lèvres à 18 ans. « C’était plutôt pour suivre la tendance du moment », explique la jeune femme. Elle s’est alors tournée vers des esthéticiennes pour cette intervention – une pratique illégale de la médecine qui présente son lot de dangers. Initialement, elle a opté pour des injections de 0,5 mL d’acide hyaluronique. « Le résultat restait naturel et très joli. Mes lèvres étaient un peu plus pulpeuses, exactement l’effet que je recherchais », se remémore Lola Fontanel.
Au fil du temps, cependant, l’influenceuse a multiplié les retouches, toujours insatisfaite des évolutions de la forme de sa bouche. Son apparence perdait progressivement toute naturalité. « J’étais prise dans une sorte de cercle vicieux, je multipliais les injections pour maintenir un joli résultat, mais mes lèvres devenaient excessivement volumineuses, puisque j’y accumulais presque trois millilitres de produit. Elles étaient boursouflées ; ce n’était plus joli », regrette l’étudiante. Elle a finalement consulté une chirurgienne esthétique qui lui a retiré l’acide hyaluronique de ses lèvres. Résultat : elles ont repris leur forme d’origine.
C’est aussi le cas de Clara, 29 ans. À 18 ans, après une dépression et une importante perte de poids, elle a perdu quelques centimètres en tour de poitrine. Complexée et influencée par « les magazines qui présentaient des femmes de [son] âge avec des silhouettes avantageuses », à 23 ans, elle a eu recours à une augmentation mammaire avec implants. Elle est passée d’un bonnet B à un bonnet E. Dès son réveil postopératoire, elle s’est rendu compte de son erreur : « C’était très imposant. Tout le monde pouvait voir que j’avais des implants mammaires. Je me consolais en me disant que, au moins, j’avais une poitrine qui paraissait plus jeune. »
Simple mode ou tendance sociétale de long cours ?
Entre les regards insistants des hommes – « ils ne me regardaient jamais dans les yeux » –, l’inconfort physique et une silhouette qu’elle jugeait déséquilibrée, Clara a fini par prendre une décision radicale : à 28 ans, elle a fait retirer ses implants mammaires. Quelques mois après l’explantation, elle ne regrette rien : « Je ne me suis jamais sentie aussi bien dans mon corps qu’aujourd’hui, avec une poitrine simplement proportionnée à ma silhouette. »
À Découvrir
Le Kangourou du jour
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Cet retour de l’esthétique naturelle touche tous les profils de femmes, selon les professionnels. « Il peut s’agir de personnes opérées il y a dix ans qui reviennent en estimant que leur choix d’alors ne leur convient plus, ou de personnes récemment opérées qui ne supportent pas le résultat – que ce soit une poitrine trop volumineuse ou l’inconfort de prothèses fessières importantes », analyse Alexandre Vairinho. Pour ce praticien, la tendance du retour au naturel confère une meilleure image à sa pratique médicale : « Les interventions extravagantes donnent une mauvaise image de la chirurgie esthétique, que les gens associent alors uniquement à ces excès. » Soyez néanmoins conscients du coût de ce « retour au naturel » : au moins 300 euros pour des injections d’hyaluronidase, pour réduire le volume des lèvres, et jusqu’à 5 000 euros pour un retrait d’implants mammaires.
À LIRE AUSSI Vladimir Poutine, tsar du Botox ? Il convient de noter que ce « retour au naturel » ne signifie pas la fin des interventions, mais plutôt l’adoption de la médecine esthétique de manière plus subtile et moins visible. Cette tendance s’inscrira-t-elle dans la durée ? « Je l’espère », confie Alexandre Vairinho. Pour mémoire, les canons esthétiques en matière de chirurgie ont constamment évolué : dans les années 1990, les formes généreuses dominaient avec des icônes comme Pamela Anderson. Dans la décennie suivante, les silhouettes longilignes et pâles, incarnées par des mannequins comme Kate Moss, ont prévalu, avant l’avènement des courbes voluptueuses des Kardashian. Cette quête d’apparence plus authentique ne marque peut-être qu’une transition. Dans le grand bal des canons esthétiques, le naturel n’est pas, lui non plus, à l’abri d’être emporté par la mode.
À deux pas des Champs-Élysées, Lola Fontanel sirote son jus d’ananas sur la terrasse d’un café baigné d’un rayon de soleil printanier. « Je viens souvent dans le quartier pour faire mon shopping », confie l’étudiante en marketing de luxe à Paris et créatrice de contenus. Parée de bijoux signés Miu Miu, la jeune femme de 22 ans aux longs cheveux blonds lisses tire une bouffée de sa cigarette électronique. Son regard vert-gris, encadré par un visage doux, s’accompagne d’un sourire à la fois harmonieux et accueillant. Elle en est fière, et à juste titre. Quelques semaines avant cette rencontre, Lola s’est fait retirer plusieurs millilitres d’acide hyaluronique des lèvres – résultat de trop nombreuses injections esthétiques. « C’est l’une des meilleures décisions que j’ai prises ; je ne me rendais pas compte à quel point mes lèvres étaient déformées et inadaptées à la forme de mon visage. Maintenant, je me trouve plus jolie », soutient Lola Fontanel, ravie.
Ce « retour au naturel » n’est pas un cas isolé. Depuis plus d’un an, l’ère des fesses et des poitrines proéminentes, des lèvres ultra-pulpeuses et autres transformations drastiques s’achève. Le « retour au naturel », ou la valorisation des standards de beauté plus simples, s’impose désormais comme la nouvelle tendance. Quitte à revenir sur les chirurgies déjà réalisées.
Une tendance venue des États-Unis
Le clan Kardashian-Jenner, qui a façonné dans les années 2010 une nouvelle esthétique en forme de sablier avec une poitrine opulente, une taille fine et des hanches galbées accompagnées d’un imposant fessier, aurait fait machine arrière il y a déjà plus de deux ans. Kim et Khloe, adeptes du BBL, un lipofilling visant à augmenter le volume fessier par injection de graisse, affichent dorénavant une silhouette moins voluptueuse. Parallèlement, Kylie Jenner a réduit le volume de ses lèvres. D’autres personnalités hollywoodiennes comme Courteney Cox, Nicole Kidman, Gwyneth Paltrow ou Cameron Diaz ont cessé leurs injections. En France, cette tendance moins ostentatoire s’enracine parmi les stars de télé-réalité, suivies par des millions de personnes sur les réseaux sociaux, comme Nabilla, Nathanya Sion ou Victoria Mehault.
Maeva Ghennam, connue pour sa participation à l’émission de télé-réalité Les Marseillais, a eu recours à de nombreuses interventions chirurgicales – rhinoplasties, facettes dentaires, injections labiales, prothèses mammaires, augmentations fessières et même un « rajeunissement » vaginal. Mais contre toute attente, en 2024, l’influenceuse s’est fait « dégonfler » les fesses. Elle déclarait alors sur ses réseaux sociaux : « Faites attention à la chirurgie esthétique. Regardez, j’ai voulu avoir de grosses fesses énormes. C’était horrible, c’était disproportionné. […] Il n’y a rien de plus beau qu’une femme au naturel. » Sur TikTok, les témoignages de jeunes femmes partageant cette démarche prolifèrent sous les hashtags #dissolvingfiller, #implantremoval, #explant ou #hyaluronidase, entre autres.
À LIRE AUSSI Injections d’acide hyaluronique, botox… : est-ce vraiment sans danger ? Depuis son cabinet dans le chic 7e arrondissement de Paris, le docteur Alexandre Vairinho, chirurgien esthétique, a assisté aux prémices de cette tendance « bénéfique ». Concernant les implants mammaires, il observe depuis l’émergence de cette mode de nombreux retraits ou des remplacements par des prothèses plus modestes. « Des patientes font retirer leurs prothèses disproportionnées – porter des implants de 500 mL par côté représente plus d’un kilo supplémentaire. Certaines les retirent complètement, d’autres optent pour des tailles plus modestes », explique le spécialiste. Ces observations trouvent confirmation dans un communiqué de la Société française des chirurgiens esthétiques plasticiens (SOFCEP) datant de 2024. Le Dr Jean-Luc Jauffret, président SOFCEP 2023-2024 et chirurgien plasticien, y déclare : « Nous observons une demande de plus en plus fréquente d’ablation d’anciens implants. […] Il s’agit donc pour ces patientes d’un retour au naturel après des années passées avec un corps étranger. Peut-être le début d’une nouvelle tendance… »
« J’étais prise dans une sorte de cercle vicieux »
Les interventions pour des prothèses fessières et des injections de graisse, les fameux BBL, connaissent également un net recul. « Au niveau du visage, les patientes qui s’étaient fait injecter des quantités importantes de produits dans les lèvres optent maintenant pour la résorption ou l’utilisation d’antidotes comme l’hyaluronidase pour dissoudre ces produits », ajoute le docteur Alexandre Vairinho.
Lola Fontanel a eu recours à plusieurs interventions esthétiques, au niveau des lèvres et du nez. Elle a entrepris ses premières injections aux lèvres à 18 ans. « C’était plutôt pour suivre la tendance du moment », explique la jeune femme. Elle s’est alors tournée vers des esthéticiennes pour cette intervention – une pratique illégale de la médecine qui présente son lot de dangers. Initialement, elle a opté pour des injections de 0,5 mL d’acide hyaluronique. « Le résultat restait naturel et très joli. Mes lèvres étaient un peu plus pulpeuses, exactement l’effet que je recherchais », se remémore Lola Fontanel.
Au fil du temps, cependant, l’influenceuse a multiplié les retouches, toujours insatisfaite des évolutions de la forme de sa bouche. Son apparence perdait progressivement toute naturalité. « J’étais prise dans une sorte de cercle vicieux, je multipliais les injections pour maintenir un joli résultat, mais mes lèvres devenaient excessivement volumineuses, puisque j’y accumulais presque trois millilitres de produit. Elles étaient boursouflées ; ce n’était plus joli », regrette l’étudiante. Elle a finalement consulté une chirurgienne esthétique qui lui a retiré l’acide hyaluronique de ses lèvres. Résultat : elles ont repris leur forme d’origine.
C’est aussi le cas de Clara, 29 ans. À 18 ans, après une dépression et une importante perte de poids, elle a perdu quelques centimètres en tour de poitrine. Complexée et influencée par « les magazines qui présentaient des femmes de [son] âge avec des silhouettes avantageuses », à 23 ans, elle a eu recours à une augmentation mammaire avec implants. Elle est passée d’un bonnet B à un bonnet E. Dès son réveil postopératoire, elle s’est rendu compte de son erreur : « C’était très imposant. Tout le monde pouvait voir que j’avais des implants mammaires. Je me consolais en me disant que, au moins, j’avais une poitrine qui paraissait plus jeune. »
Simple mode ou tendance sociétale de long cours ?
Entre les regards insistants des hommes – « ils ne me regardaient jamais dans les yeux » –, l’inconfort physique et une silhouette qu’elle jugeait déséquilibrée, Clara a fini par prendre une décision radicale : à 28 ans, elle a fait retirer ses implants mammaires. Quelques mois après l’explantation, elle ne regrette rien : « Je ne me suis jamais sentie aussi bien dans mon corps qu’aujourd’hui, avec une poitrine simplement proportionnée à ma silhouette. »
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Cet retour de l’esthétique naturelle touche tous les profils de femmes, selon les professionnels. « Il peut s’agir de personnes opérées il y a dix ans qui reviennent en estimant que leur choix d’alors ne leur convient plus, ou de personnes récemment opérées qui ne supportent pas le résultat – que ce soit une poitrine trop volumineuse ou l’inconfort de prothèses fessières importantes », analyse Alexandre Vairinho. Pour ce praticien, la tendance du retour au naturel confère une meilleure image à sa pratique médicale : « Les interventions extravagantes donnent une mauvaise image de la chirurgie esthétique, que les gens associent alors uniquement à ces excès. » Soyez néanmoins conscients du coût de ce « retour au naturel » : au moins 300 euros pour des injections d’hyaluronidase, pour réduire le volume des lèvres, et jusqu’à 5 000 euros pour un retrait d’implants mammaires.
À LIRE AUSSI Vladimir Poutine, tsar du Botox ? Il convient de noter que ce « retour au naturel » ne signifie pas la fin des interventions, mais plutôt l’adoption de la médecine esthétique de manière plus subtile et moins visible. Cette tendance s’inscrira-t-elle dans la durée ? « Je l’espère », confie Alexandre Vairinho. Pour mémoire, les canons esthétiques en matière de chirurgie ont constamment évolué : dans les années 1990, les formes généreuses dominaient avec des icônes comme Pamela Anderson. Dans la décennie suivante, les silhouettes longilignes et pâles, incarnées par des mannequins comme Kate Moss, ont prévalu, avant l’avènement des courbes voluptueuses des Kardashian. Cette quête d’apparence plus authentique ne marque peut-être qu’une transition. Dans le grand bal des canons esthétiques, le naturel n’est pas, lui non plus, à l’abri d’être emporté par la mode.
À deux pas des Champs-Élysées, Lola Fontanel sirote son jus d’ananas sur la terrasse d’un café baigné d’un rayon de soleil printanier. « Je viens souvent dans le quartier pour faire mon shopping », confie l’étudiante en marketing de luxe à Paris et créatrice de contenus. Parée de bijoux signés Miu Miu, la jeune femme de 22 ans aux longs cheveux blonds lisses tire une bouffée de sa cigarette électronique. Son regard vert-gris, encadré par un visage doux, s’accompagne d’un sourire à la fois harmonieux et accueillant. Elle en est fière, et à juste titre. Quelques semaines avant cette rencontre, Lola s’est fait retirer plusieurs millilitres d’acide hyaluronique des lèvres – résultat de trop nombreuses injections esthétiques. « C’est l’une des meilleures décisions que j’ai prises ; je ne me rendais pas compte à quel point mes lèvres étaient déformées et inadaptées à la forme de mon visage. Maintenant, je me trouve plus jolie », soutient Lola Fontanel, ravie.
Ce « retour au naturel » n’est pas un cas isolé. Depuis plus d’un an, l’ère des fesses et des poitrines proéminentes, des lèvres ultra-pulpeuses et autres transformations drastiques s’achève. Le « retour au naturel », ou la valorisation des standards de beauté plus simples, s’impose désormais comme la nouvelle tendance. Quitte à revenir sur les chirurgies déjà réalisées.
Une tendance venue des États-Unis
Le clan Kardashian-Jenner, qui a façonné dans les années 2010 une nouvelle esthétique en forme de sablier avec une poitrine opulente, une taille fine et des hanches galbées accompagnées d’un imposant fessier, aurait fait machine arrière il y a déjà plus de deux ans. Kim et Khloe, adeptes du BBL, un lipofilling visant à augmenter le volume fessier par injection de graisse, affichent dorénavant une silhouette moins voluptueuse. Parallèlement, Kylie Jenner a réduit le volume de ses lèvres. D’autres personnalités hollywoodiennes comme Courteney Cox, Nicole Kidman, Gwyneth Paltrow ou Cameron Diaz ont cessé leurs injections. En France, cette tendance moins ostentatoire s’enracine parmi les stars de télé-réalité, suivies par des millions de personnes sur les réseaux sociaux, comme Nabilla, Nathanya Sion ou Victoria Mehault.
Maeva Ghennam, connue pour sa participation à l’émission de télé-réalité Les Marseillais, a eu recours à de nombreuses interventions chirurgicales – rhinoplasties, facettes dentaires, injections labiales, prothèses mammaires, augmentations fessières et même un « rajeunissement » vaginal. Mais contre toute attente, en 2024, l’influenceuse s’est fait « dégonfler » les fesses. Elle déclarait alors sur ses réseaux sociaux : « Faites attention à la chirurgie esthétique. Regardez, j’ai voulu avoir de grosses fesses énormes. C’était horrible, c’était disproportionné. […] Il n’y a rien de plus beau qu’une femme au naturel. » Sur TikTok, les témoignages de jeunes femmes partageant cette démarche prolifèrent sous les hashtags #dissolvingfiller, #implantremoval, #explant ou #hyaluronidase, entre autres.
À LIRE AUSSI Injections d’acide hyaluronique, botox… : est-ce vraiment sans danger ? Depuis son cabinet dans le chic 7e arrondissement de Paris, le docteur Alexandre Vairinho, chirurgien esthétique, a assisté aux prémices de cette tendance « bénéfique ». Concernant les implants mammaires, il observe depuis l’émergence de cette mode de nombreux retraits ou des remplacements par des prothèses plus modestes. « Des patientes font retirer leurs prothèses disproportionnées – porter des implants de 500 mL par côté représente plus d’un kilo supplémentaire. Certaines les retirent complètement, d’autres optent pour des tailles plus modestes », explique le spécialiste. Ces observations trouvent confirmation dans un communiqué de la Société française des chirurgiens esthétiques plasticiens (SOFCEP) datant de 2024. Le Dr Jean-Luc Jauffret, président SOFCEP 2023-2024 et chirurgien plasticien, y déclare : « Nous observons une demande de plus en plus fréquente d’ablation d’anciens implants. […] Il s’agit donc pour ces patientes d’un retour au naturel après des années passées avec un corps étranger. Peut-être le début d’une nouvelle tendance… »
« J’étais prise dans une sorte de cercle vicieux »
Les interventions pour des prothèses fessières et des injections de graisse, les fameux BBL, connaissent également un net recul. « Au niveau du visage, les patientes qui s’étaient fait injecter des quantités importantes de produits dans les lèvres optent maintenant pour la résorption ou l’utilisation d’antidotes comme l’hyaluronidase pour dissoudre ces produits », ajoute le docteur Alexandre Vairinho.
Lola Fontanel a eu recours à plusieurs interventions esthétiques, au niveau des lèvres et du nez. Elle a entrepris ses premières injections aux lèvres à 18 ans. « C’était plutôt pour suivre la tendance du moment », explique la jeune femme. Elle s’est alors tournée vers des esthéticiennes pour cette intervention – une pratique illégale de la médecine qui présente son lot de dangers. Initialement, elle a opté pour des injections de 0,5 mL d’acide hyaluronique. « Le résultat restait naturel et très joli. Mes lèvres étaient un peu plus pulpeuses, exactement l’effet que je recherchais », se remémore Lola Fontanel.
Au fil du temps, cependant, l’influenceuse a multiplié les retouches, toujours insatisfaite des évolutions de la forme de sa bouche. Son apparence perdait progressivement toute naturalité. « J’étais prise dans une sorte de cercle vicieux, je multipliais les injections pour maintenir un joli résultat, mais mes lèvres devenaient excessivement volumineuses, puisque j’y accumulais presque trois millilitres de produit. Elles étaient boursouflées ; ce n’était plus joli », regrette l’étudiante. Elle a finalement consulté une chirurgienne esthétique qui lui a retiré l’acide hyaluronique de ses lèvres. Résultat : elles ont repris leur forme d’origine.
C’est aussi le cas de Clara, 29 ans. À 18 ans, après une dépression et une importante perte de poids, elle a perdu quelques centimètres en tour de poitrine. Complexée et influencée par « les magazines qui présentaient des femmes de [son] âge avec des silhouettes avantageuses », à 23 ans, elle a eu recours à une augmentation mammaire avec implants. Elle est passée d’un bonnet B à un bonnet E. Dès son réveil postopératoire, elle s’est rendu compte de son erreur : « C’était très imposant. Tout le monde pouvait voir que j’avais des implants mammaires. Je me consolais en me disant que, au moins, j’avais une poitrine qui paraissait plus jeune. »
Simple mode ou tendance sociétale de long cours ?
Entre les regards insistants des hommes – « ils ne me regardaient jamais dans les yeux » –, l’inconfort physique et une silhouette qu’elle jugeait déséquilibrée, Clara a fini par prendre une décision radicale : à 28 ans, elle a fait retirer ses implants mammaires. Quelques mois après l’explantation, elle ne regrette rien : « Je ne me suis jamais sentie aussi bien dans mon corps qu’aujourd’hui, avec une poitrine simplement proportionnée à ma silhouette. »
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Cet retour de l’esthétique naturelle touche tous les profils de femmes, selon les professionnels. « Il peut s’agir de personnes opérées il y a dix ans qui reviennent en estimant que leur choix d’alors ne leur convient plus, ou de personnes récemment opérées qui ne supportent pas le résultat – que ce soit une poitrine trop volumineuse ou l’inconfort de prothèses fessières importantes », analyse Alexandre Vairinho. Pour ce praticien, la tendance du retour au naturel confère une meilleure image à sa pratique médicale : « Les interventions extravagantes donnent une mauvaise image de la chirurgie esthétique, que les gens associent alors uniquement à ces excès. » Soyez néanmoins conscients du coût de ce « retour au naturel » : au moins 300 euros pour des injections d’hyaluronidase, pour réduire le volume des lèvres, et jusqu’à 5 000 euros pour un retrait d’implants mammaires.
À LIRE AUSSI Vladimir Poutine, tsar du Botox ? Il convient de noter que ce « retour au naturel » ne signifie pas la fin des interventions, mais plutôt l’adoption de la médecine esthétique de manière plus subtile et moins visible. Cette tendance s’inscrira-t-elle dans la durée ? « Je l’espère », confie Alexandre Vairinho. Pour mémoire, les canons esthétiques en matière de chirurgie ont constamment évolué : dans les années 1990, les formes généreuses dominaient avec des icônes comme Pamela Anderson. Dans la décennie suivante, les silhouettes longilignes et pâles, incarnées par des mannequins comme Kate Moss, ont prévalu, avant l’avènement des courbes voluptueuses des Kardashian. Cette quête d’apparence plus authentique ne marque peut-être qu’une transition. Dans le grand bal des canons esthétiques, le naturel n’est pas, lui non plus, à l’abri d’être emporté par la mode.