Certes, quelle consécration pour ce discret serviteur de la République aux origines modestes, si attaché aux institutions et aux décorations, que d’arriver rue de Varenne à seulement 39 ans. Mais peut-il y avoir pire moment, aux côtés d’un président plus affaibli que jamais – au point que des oppositions souhaitent sa démission –, sans majorité à l’Assemblée et dans un pays au bord de la crise de régime ? Aux sceptiques, Lecornu a répondu que la proposition du chef de l’État ne se refusait pas. Qu’il avait eu le temps de se préparer à cette mission ô combien difficile – qui, par la faute de François Bayrou il y a neuf mois, lui était passée sous le nez. Et que, malgré tout, il croyait à l’existence d’un chemin. Sur le perron de Matignon, voix sobre et sourcils froncés, il a tenté d’en persuader les Français, d’emblée très réservés sur sa nomination, en lançant : « On va y arriver. »

Mais à quoi peut-il arriver ? Que peut vraiment espérer ce nouveau chef du gouvernement – le quatrième en un peu plus d’un an et demi ! – sur un champ de bataille entièrement miné ? Premier défi : tenir plus de quelques semaines, c’est-à-dire parvenir à trouver un budget qui ne soit pas censuré. Aut…