Nous sommes en 2230, et vieillir n’est plus une fatalité : le processus du vieillissement a été endigué et tout le monde est à son prime. Imaginez une société de vingtenaires, tous plus beaux et frais les uns que les autres, mais dont certains ont des centaines d’années ! Comment est-ce possible, me direz-vous ? Le Reset, la possibilité de recommencer sa vie après soixante-quinze ans dans un autre corps, toujours aussi jeune, mais ailleurs, avec ou sans souvenirs de sa vie précédente. On repart à zéro ! Y a-t-il un piège ? Pas vraiment, même s’il faut accepter de laisser derrière soi son pays d’origine et les personnes rencontrées au cours de ses vies précédentes. Le nombre de resets est également limité à dix, mais pour l’instant, personne n’a dépassé trois resets. La mort est devenue rare et le droit à enfanter aussi. Autre bouleversement : les Néandertaliens existent de nouveau. Alors que cette société semble heureuse et ouverte, sans problèmes inutiles liés au genre ou à l’orientation sexuelle, le destin de Jinsei va montrer les limites de ces vies successives.

Dans ce monde de 2230, les androïdes se chargent des tâches ingrates tandis que les nouveaux resets doivent retrouver leur place. Ils sont aidés par des logements et des choix de carrière (dans cette société, le métier de médecin est très prisé, car il s’agit essentiellement de vérifier que le processus d’arrêt du vieillissement est viable). Jinsei se retrouve à vivre son premier reset : adieu le Japon, sa femme et sa fille, bonjour la France et les nouvelles rencontres. Installé à Lyon, il devient ami avec Sol, un Néandertalien, et tombe amoureux, jusqu’à l’obsession, de sa voisine froide et inaccessible.

Inutile d’en dévoiler plus sur l’intrigue et les autres personnages. Parlons de la plume de l’autrice : poétique, intimiste, acérée parfois. Le roman est émouvant, et l’histoire de Jinsei est universelle face à une éternité qui n’en est pas une. Les multiples resets altèrent-ils l’humanité d’une personne ? La mort ne fait plus peur, mais doit-on la fuir à tout prix ? L’œuvre présente deux autres voix pour compléter l’histoire de Jinsei, deux voix féminines qui enrichissent et rendent crédible cette société utopique. Propice à la réflexion, cette œuvre est dense et originale, ponctuée d’interludes qui nous plongent au cœur du XIIème siècle et apportent une autre profondeur au récit (les historiens devineront dès le premier ou le second chapitre où l’on va, les autres seront sans doute surpris). En effet, notre personnage principal a un goût prononcé pour le Moyen Âge qui est apparu avec le reset. Sol partage le même intérêt. Cela les rapproche, bien que l’on ne sache pas pourquoi les resets semblent développer un goût surprenant qui peut devenir une obsession au fil des réincarnations. La technologie est récente et ses conséquences ne sont pas encore comprises. Mais qui ne voudrait pas garder à vie un corps sans douleur et sans traces d’amertume de ses vingts ans ?

Un Corps d’avance est un roman de Lou Jan, disponible chez Critic. À noter que son précédent roman s’intitule La Machine à Aimer et est également publié chez Critic, et j’ai très envie de le lire maintenant.

FAQ

Quel est le thème principal de Un Corps d’avance ?

Le roman aborde les enjeux du transhumanisme et les implications sociales et personnelles d’une société où le vieillissement a été stoppé.

Qui est l’autrice de ce roman ?

Le roman est écrit par Lou Jan, une autrice française.

Quand se déroule l’histoire ?

L’histoire se déroule en 2230.

Qu’est-ce que le Reset dans le livre ?

Le Reset est une opportunité de recommencer sa vie dans un autre corps après l’âge de 75 ans, avec la possibilité de garder ou de perdre ses souvenirs.

Y a-t-il des personnages issus d’autres époques ?

Oui, le roman introduit également des Néandertaliens qui ont été réintroduits dans la société.