Quand la sorcière vient : un récit fantastique captivant
Après l’excellent conte de fée Nettle and Bone, T. Kingfisher revient avec un nouveau récit fantastique Quand la sorcière vient. Parfaitement adapté à la saison, ce nouveau conte se classe dans la catégorie cosy horror.

Sombre mais adouci par des pointes d’humour, ce récit nous plonge dans le quotidien de Cordelia, une jeune fille dont la mère est plus qu’abusive. Évangéline, sa mère, a pour seul objectif d’épouser un homme riche pour que sa fille puisse, elle aussi, accomplir cet exploit. Vénale, certes, mais surtout extrêmement cruelle, cette femme est une sorcière venimeuse, pesant sur l’ensemble du récit, comme le titre l’indique.
Cordelia, âgée de 14 ans, est timide et n’est plus scolarisée. Solidaire dans son isolement, elle peine à s’affirmer, trouvant un peu de réconfort dans quelques balades à cheval. Elle vit dans une maison simple, sans aucune porte, car sa mère contrôle absolument tout, y compris parfois son corps à travers un sort d’obéissance qui l’enferme au plus profond d’elle-même.
Un jour, Évangéline décide qu’il est temps de déménager. Elle a déniché une cible, le Squire, qu’elle projette d’épouser. Évidemment, sa justification repose sur l’idée d’assurer un avenir viable pour sa fille. Cordelia doit donc bien se comporter et séduire ce Chatelain pour que le plan réussisse. Ainsi, les deux jeunes femmes se rendent chez le Squire, prétextant un voyage difficile et la perte de leurs affaires, pour se faire héberger chez ce noble. Naïf et prêt à tomber amoureux, le Squire semble ravi d’accueillir les jeunes femmes, même si Évangéline n’hésite pas à mentir sur l’âge de Cordelia, qu’elle vieillie afin de la marier au plus vite.
Pour Cordelia, c’est une découverte : une maison où elle peut fermer la porte de sa chambre et surtout, la présence de la sœur du Squire, une dame célibataire qui, très rapidement, perçoit le jeu de sa mère. Mais comment empêcher le plan d’Évangéline de se réaliser, alors que Cordelia ne peut parler de sa magie, de peur de ne pas être crue ?
Dans cet univers, les sorciers ne sont que des charlatans, capables de quelques tours comme changer la couleur des cheveux ou améliorer l’apparence d’un cheval. Personne ne pourrait imaginer une femme capable de prendre le contrôle du corps des autres. Pourtant, si Évangéline réussit dans son entreprise, Cordelia a la terrible sensation qu’elle ne parviendra jamais à se débarrasser de sa mère…
Cet ouvrage se dévore grâce à un style et un rythme parfaitement maîtrisés. Nous plongeons dans une atmosphère proche du fantastique du XIXe siècle, tout en bénéficiant d’une écriture moderne. Comme dans son premier roman, l’autrice fait preuve d’humour et de finesse en abordant des thèmes extrêmement durs, tels que l’abus parental. Le lecteur s’inquiète pour Cordelia tout en savourant les manigances de sa mère. Les personnages, finement écrits, illustrent diverses attitudes face à la domination. Comparée à Stephen King, T. Kingfisher, déjà laureate de plusieurs prix littéraires, mérite une place d’honneur dans ce genre.
Roman disponible dès le 7 novembre 2025 !









